11 Septembre 2019
Libre opinion* proposée en septembre 1994 au quotidien El Watan, mais qui n’avait pas été publié. Une étape dans la réflexion du blogueur.
Par Saoudi Abdelaziz, 28 septembre 1994
L’intermède qui va de l’automne 1988 à l’hiver 1991, nous a convaincu qu’il est impossible d’asseoir un système politique nouveau sans démonter les mécanismes du Chadlisme.
Il ne s’agit pas vraiment du rôle ou de la responsabilité de cet individu, personnage assez falot et sans vraie envergure. Le Chadlisme, que l’on retrouve sous d’autres appellations, dans plusieurs autres pays, ne tient pas au charisme d’une personne.
Il s’agit d’un système où se connectent des groupes de pression et des réseaux d’influence tournés vers l’argent facile, contrôlant de manière occulte les principaux flux commerciaux et financiers, notamment avec l’étranger. Ce système de type mafieux, prend appui sur des centres de décision de l’Etat. Il dispose encore d’une grande capacité d’influence et de manipulation dans la société.
Jusqu’à l’éviction de Chadli, ce système s’appuyait sur le «cercle présidentiel». Le meurtre de Boudiaf par un membre de la garde prétorienne présidentielle formée au milieu des années 80, symbolise la résistance de l’ancien système, dont la survie est subordonnée au contrôle des centres névralgiques de décision de l’Etat. Ce contrôle pour piller les richesses du pays pourrait s’accommoder d’un partage des prérogatives, sous les hospices du FMI, avec le courant ultralibéral au plan économique, qui, domine dans l’ex-FIS.
Lamine Zeroual, devenu président de l’Etat, faisait-il preuve de naïveté lorsqu’il s’étonnait récemment que chacune de ses initiatives pour apaiser le climat politique et faire reculer la violence armée était immédiatement suivie d’une nouvelle escalade ?
On sait que toute escalade décourage les consensus démocratiques naissants dans l’opinion publique, met sur la défensive les patriotes démocrates, brouille les décantations, durcit les polarisations idéologiques, ravive les haines, accentue les fossés, referme les issues.
En janvier 1994, Lamine Zeroual, alors ministre de la Défense, recensait comme « cause politique première des calamités qui se sont abattues sur l’Algérie, « l’émergence d’un courant idéologique parasitaire et de groupes d’intérêt dans plusieurs centres de décision dans le secteur de l’économie, dans l’administration et dans d’autres appareils sensibles de l’Etat ».
Je crois que cette analyse, émanant de l’institution militaire, est clairvoyante. Elle met le doigt sur le nœud de la stratégie de la tension entretenue par le «système» depuis de longues années, utilisant des ressorts idéologiques extrêmes, islamistes et anti-islamistes ».
*Première mise en ligne: 6 juillet 2011