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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

Médicaments et «fils de flène»

Le Quotidien d’Oran consacre son éditorial d’aujourd’hui à la grave pénurie de médicament. « Il revient à l'accusateur d'apporter des preuves et de ne pas se contenter de déclarations générales » affirme-t-il à propos des explications du ministre de la Santé.

 

UNE PENURIE INJUSTIFIABLE

 

par M.Saadoune

 La maffia du médicament : des présumés «fils de flène» sont désormais invoqués par le ministre de la Santé pour expliquer la pénurie de médicaments qui met de nombreux Algériens en situation de péril. Le lobby des importateurs aurait donc fabriqué la pénurie pour nuire à la production locale. La seule chose évidente à tirer de ces accusations est que le ministère de la Santé a cessé de faire dans le déni et admet qu'il existe un vrai problème de disponibilité de médicaments.

 C'est, en soi, un progrès par rapport aux déclarations lénifiantes entendues ces derniers mois, alors que des alertes à la pénurie étaient lancées par des gens qui n'ont rien à voir avec l'import-import. Il y a bien pénurie, le constat était déjà établi, il est désormais reconnu. Reste à l'expliquer.

 Le marché du médicament en Algérie pèse des centaines de millions d'euros par an. Il n'est donc pas raisonnable d'éliminer, au nom du rejet des théories « conspirationnistes », l'hypothèse malveillante : ceux qui profitent depuis des années de la rente de l'importation font tout pour la préserver et entraver le développement d'une industrie locale. La naïveté n'est en effet pas de mise. Dans l'histoire économique nationale, on ne doit pas oublier que le gouvernement a lui-même fait le jeu des importateurs-conditionneurs en renonçant en 2005 à une obligation légale faite aux importateurs de médicaments de produire localement après deux ans d'activité. Une obligation abandonnée, comme « gage » inutile, coûteux et prématuré dans les négociations pour l'accession de l'Algérie à l'OMC. On ne peut donc décréter par principe que le ministre de la Santé et ses collaborateurs versent dans la paranoïa.

 Il reste que dans cette affaire, comme dans d'autres, il revient à l'accusateur d'apporter des preuves et de ne pas se contenter de déclarations générales qui jettent l'opprobre sur tout le monde et sur personne. Complot réel ou imaginaire ? Dans les deux cas, cela n'exonère pas le ministère de la Santé de ses responsabilités. Une pénurie de médicaments est un échec pour le ministère de la Santé. L'une de ses missions est de veiller à la disponibilité des médicaments. Le ministère de la Santé délivre les autorisations d'importation et il est de ce fait aux premières loges pour savoir si les besoins seront pourvus ou non.

 La traçabilité du médicament est censée être absolue : les autorités sanitaires disposeraient de ce fait de toutes les informations sur les médicaments entrés dans le territoire et les quantités. Si des importateurs pourvus des autorisations ont importé et « stocké » pour créer la pénurie, cela ne devrait pas être difficile à déterminer. S'ils n'ont pas importé, cela également devrait se savoir.

 Il y a donc des questions légitimes à se poser sur le fonctionnement du ministère de la Santé et sur son aptitude à assumer ses missions de veille et de surveillance. Même si la manœuvre et le complot sont avérés, ils ne constitueraient pas une justification. L'une des missions des pouvoirs publics est de veiller à ce que le médicament soit disponible et ils en ont les outils.

 A moins d'avouer que tous les dispositifs mis en place ne servent à rien et que le ministère ne connaît pas de manière précise les besoins du pays en médicaments. Dans ce cas-là, les importateurs peuvent effectivement faire ce qu'ils veulent. Ils n'ont même pas besoin de conspirer


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