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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

Médicaments : Le ministère nuit aux malades, pas à la mafia

Les malades algériens sont les otages des luttes pour le contrôle des importations de médicaments, et pour le développement ou non de la production nationale. Alors qu’un puissant cartel d’une dizaine d’opérateurs privés domine l’importation, le gouvernement ne joue pas la transparence vis-à-vis de l’opinion sur un sujet où tant d'intérêts prédateurs s'entremêlent, en dehors et au sein de l'Etat. 

Le ministère de la Santé pratique le silence et l’impuissance laxiste à l’égard de la mafia du médicament, se limitant pour exercer son contrôle à user d'artifices bureaucratiques dérisoires, dont seuls les malades souffrent gravement.

Djamila Kourta rend compte, dans El Watan d’hier, de leur calvaire et de celui des pharmaciens en rupture de stock.

Grave rupture de stocks de médicaments

 Le ministère de la Santé fait la sourde oreille

Malgré une gestion catastrophique du dossier du médicament depuis plus d’une année, le ministère de la Santé dégage toute responsabilité quant à la rupture de stocks qui ne cesse de s’étendre.

Les malades sont aujourd’hui livrés à eux-mêmes sans que cela ne dérange personne. Le docteur Hamou Hafed, directeur de la pharmacie, au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, rejette la responsabilité sur les importateurs de médicaments. Dans une déclaration sur les ondes de la Chaîne III, M. Hafed n’a pas trouvé mieux que de dire : «Les programmes à l’importation des produits finis ont été tous signés. Il n’y a pas de raison qu’il y ait des ruptures.»

Mais il a omis de préciser à quelle date ces programmes ont été justement délivrés, sachant que les procédures d’importation fixées par les cahiers des charges sont claires. L’obligation d’ouverture de lettres de crédit, le délai fixé pour faire les commandes, le contrôle des échantillons, le dédouanement et toute autre procédure exigée par la loi font que le produit ne peut être sur le marché que dans les trois mois, voire plus, qui suivent la signature des programmes. Lesquels n’ont été signés qu’à partir du mois d’avril dernier alors qu’habituellement, la procédure est entamée dès le mois de décembre.

«C’est scandaleux !» s’écrie une pharmacienne de la capitale avant de préciser que la situation s’aggrave de jour en jour : «Nous n’avons jamais connu une telle pénurie. Nous faisons face tous les jours au désarroi des patients. Malheureusement, nous ne pouvons rien faire. A un certain moment, lorsque certains produits venaient à manquer, on trouvait toujours le moyen de se les procurer auprès des confrères, mais là il n’est plus possible de répondre à la demande des patients», nous confie-t-elle avant de signaler que les médicaments concernés sont surtout ceux traitant les maladies chroniques. Dans cette longue liste, estimée, selon les pharmaciens, entre 150 et 200 médicaments introuvables, les officines sont aussi en rupture de stocks de pilules contraceptives. «Nous manquons pratiquement de tous les médicaments.

 « Chaque jour un produit devient introuvable »

Des dizaines d’ordonnances ne sont, hélas, pas satisfaites», avoue un autre pharmacien. Pour lui, «il est inconcevable que des produits tels que Digoxine soient manquants. Les patients souffrant de problèmes cardiaques risquent tout bonnement de mourir. Le traitement avec ce médicament ne doit pas être interrompu. Dans le cas contraire, le malade risque de décéder.» «Les autorités sanitaires ne veulent pas parler de rupture alors que la situation est dramatique», a-t-il déclaré avant de souligner que «ces ruptures s’accentuent de plus en plus. Chaque jour, un produit devient introuvable». Il en cite quelques-uns : Rovamycine sirop, Modurétic, Célestène, Diprostène, Tamgesic, Digoxine…

«Certains produits restent introuvables. Même les génériques fabriqués par Saidal ont disparu»,  ajoute-t-il. Les pilules contraceptives figurent aussi parmi les produits en rupture de stocks. Certaines marques comme Mercelan et Marvelan sont introuvables. Les pharmacies, qui reçoivent de petites quantités, n’arrivent plus à satisfaire la demande. «La liste des produits s’allonge sans que des solutions soient trouvées à cette situation. D’une part, on laisse les patients atteints de maladies chroniques mourir et, d’autre part, il y a un accroissement des naissances en raison du manque de pilules contraceptives», fait remarquer une pharmacienne, qui tente tant bien que mal de satisfaire sa clientèle. Selon les opérateurs en pharmacie, le problème risque encore de se compliquer avec l’interdiction d’importer 152 produits censés être fabriqués localement.

Djamila Kourta. El Watan, 24 juillet 2011

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