24 Juin 2011
N’avez-vous jamais entendu nommer le fameux Cacus ? Eh bien celui-ci l’est de la politique ; j’entends, un chaos de la raison d’Etat. Tous les politiques courent de cette façon, à l’inverse des autres ; ainsi procèdent-ils pour dérouter l’attention d’autrui, pour confondre les raisonnements. Ils ne voudraient pas que par leurs traces l’on puisse suivre les fins auxquelles ils tendent ; ils montrent un côté et donnent dans l’autre ; ils publient une chose et en exécutent une autre ; pour dire non ils disent oui ; toujours au contraire, occultant leurs desseins par des signes opposés. Pour ceux-là il faut un autre Hercule, qui avec habileté et fermeté vérifie leurs empreintes et châtie leurs intrigues.
Baltasar Gracian. Le Criticon (1651). Editions Allia, première partie, p 74.