29 Octobre 2011
Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) s’élève contre la volonté du régime algérien d’instrumentalisation de la victoire d’Ennahda en Tunisie
pour se présenter en rempart contre la théocratie. “Le chantage à l’islamisme dont les dirigeants algériens inondent les médias est obscène. Le système FLN a administré la preuve qu’en étouffant
les voix des démocrates et en offrant les institutions à l’islamisme, la dictature mène inévitablement à la théocratie”, affirme le parti de Saïd Sadi, dans un communiqué rendu public
hier.
“Depuis le début des révolutions qui se succèdent dans notre région, le pouvoir algérien n’a eu de cesse de spéculer sur les suites chaotiques que ne
manqueraient pas d’engendrer des mouvements de libération qui ne sont en fait que la réparation historique des détournements des sacrifices consentis par nos peuples pour venir à bout du
colonialisme”, rappelle le RCD, avant de poursuivre : “C’est avec un cynisme non dissimulé que les relais du système se sont saisis de la victoire du parti islamiste Ennahda pour essayer de
relancer la rengaine dictatoriale qui veut que seul l’autoritarisme permet d’assurer la stabilité d’un pays ou d’une région.” C’est dire que le RCD n’accorde aucun crédit aux gesticulations du
régime et de ses relais qui, pour dissuader les Algériens d’emprunter la voie du changement, tentent d’agiter l’épouvantail du péril vert.
Mieux, il a salué la réussite éclatante de la première élection libre organisée en Tunisie, tout en endossant la responsabilité de la victoire du mouvement de
Rachid El-Ghannouchi à la dictature qui a sévi dans ce pays depuis plus de 50 ans. “La Tunisie vient de connaître son premier scrutin libre depuis son indépendance avec un taux de participation
record. La communauté internationale, qui a pu superviser en toute liberté cette élection, s’accorde à dire que, mis à part quelques incidents mineurs, le vote a été régulier. Le RCD salue cette
avancée démocratique dans son organisation et son expression et souhaite au peuple frère de Tunisie une évolution qui le conforte dans la voie de la paix, de la justice, de la liberté et du
progrès”, se réjouit le parti de Saïd Sadi.
“Le régime tunisien a sévi depuis 1956 avec un despotisme sans limite. Mais, à l’inverse de son homologue algérien, il a veillé à préserver le système éducatif et le statut personnel des marchandages politiciens. Cet investissement, couplé à la surveillance internationale massive et qualifiée, a payé et se trouve à l’origine du civisme qui a fait, qu’en dépit des fraudes précédentes, neuf citoyens sur dix se sont acquittés de leur devoir électoral”, explique-t-il.
Le parti de Saïd Sadi, qui invite à prendre acte des assurances des dirigeants
d’Ennahda quant au respect du statut de la femme et des libertés publiques, recommande toutefois une plus grande vigilance à l’égard d’un mouvement qui, devant un rapport de force favorable, peut
bien revenir sur ses promesses. “Il est capital qu’un mouvement intégriste sortant vainqueur des urnes se sente obligé de donner des gages de bonne conduite à une société qu’il sait rétive et
vigilante”, relève le RCD.
Même les errements du président du CNT, Mustapha Abdeljalil, qui claironnait que la loi libyenne sera inspirée de la charia ne semblent pas inquiéter outre
mesure le RCD qui, en plus, n’écarte aucunement l’hypothèse de voir les islamistes marocains l’emporter aux législatives de novembre prochain.
Mais il dénie d’ores et déjà au régime algérien de jouer de ces “secousses” pour se présenter comme l’“ultime rempart contre l’intégrisme” alors qu’il “en fut
le précurseur dans la région”. “Les évènements qui bouleversent notre région confirment que la solution de l’équation algérienne passe par le changement d’un système qui a fait du pays le plus
moderniste de l’Afrique du Nord la nation la plus rétrograde”, conclut-il.
Arab Chih. 29 octobre 2011. Liberté.com