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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

VRAI OU FAUX? La dévaluation du dinar est nuisible à l'économie nationale.

C'est le journal El Watan qui en fait le gros titre de sa une ce matin : "Coup dur pour les entreprise"

«Toutes les entreprises algériennes, sans exception, sont touchées par la dévaluation du dinar», selon Slim Othmani, le Pdg des conserveries de Rouiba. El Watan en tire cette conclusion: "La dépréciation de la valeur du dinar porte un coup dur aux entreprises algériennes et à l’économie nationale".

Mais en lisant attentivement l'article de Hocine Lamriben, on constate que les choses sont plus nuancées que ne le laisse penser le titre et l'habillage des chefs de la rédaction. Ainsi Abderrahmane Benhamadi du groupe Condor affirme : "Il va y avoir des augmentations de prix sur tous les produits, surtout là où il n’y a pas de fort taux d’intégration". Ajoutant : "Par contre, là où il y a un fort taux d’intégration, ceci est bon pour l’entreprise, notamment à l’export». Il annonce dans la foulée que son entreprise prévoit de lancer un plan d’investissement "pour fabriquer localement certaines matières premières, actuellement importées".

Rachid Ibersiène, le Pdg des Fromageries Fafi, affirmait  sans détouril y a deux ans : La dépréciation du dinar " arrange les fabricants de fromage. Elle va réduire les importations. Les fromages importés vont coûter plus cher.”

Gare au syndrome hollandais

Le chroniqueur économique du quotidien Liberté, Mustapha Mekideche, qui citait alors le fromager. concluait ainsi sa chronique du 13 novembre 2013 (Source: Liberté.com)

"Ceci dit, ma thèse sur les conditions à remplir pour une bonne tenue du dinar algérien, face aux fluctuations des marchés extérieurs physiques et monétaires, renvoie à la capacité (ou non) des entrepreneurs algériens à mettre sur le marché une offre nationale de biens et de services abondante et de qualité. C’est cela qui orientera à l’avenir, et de plus en plus, la polarité dans la variation du taux de change du dinar ; plus que les exportations des hydrocarbures dont les tendances seront au plafonnement.

Par ailleurs, il faut savoir que les richesses et les emplois créés dans l’espace national, en substitution aux importations, ne peuvent qu’être confortés par une dépréciation qui, en plus, renchérit les importations et augmente les capacités fiscales donc budgétaires de l’état. à contre-courant de certains patrons d’entreprises, c’est ce qu’a bien compris Rachid Ibersiène, P-DG des Fromageries Fafi, qui dit : “Cette mesure (dépréciation) arrange les fabricants de fromage. Elle va réduire les importations. Les fromages importés vont coûter plus cher.” Il sait de quoi il parle : il a vécu à Gruyère en Suisse.

A l’inverse, toute réévaluation augmentera note propension à importer davantage. Vous savez, comme moi, que le syndrome hollandais (dutch disease) avait détruit l’économie productive de ce pays, hors industrie du gaz naturel, au profit d’une importation tous azimuts facilitée par une réévaluation du florin. L’enseignement à tirer est que toutes les économies du monde sont sous contrainte de ressources et d’efficacité, y compris les économies à rente minière. Pourquoi voulez-vous que l’Algérie en fasse exception ? Nous sommes bien, au-delà de politiques de rationalisation budgétaire et d’organisation des marchés qu’il faudra conduire plus fermement, au cœur d’arbitrages à opérer entre consommation ou investissement d’une part, importation ou production locale d’autre part. Ici comme ailleurs, la confrontation entre importateurs et producteurs tourne autour du taux de change de la monnaie locale.

En conclusion, c’est là le vrai sujet qu’il va falloir prendre à bras-le-corps, à l’aune notamment des politiques industrielles récemment élaborées. Quant à la Banque d’Algérie, laissons-la faire son travail. Elle a déjà réussi à contenir puis réduire l’inflation pour 2013. Ce n’est pas rien avec l’explosion des importations enregistrées en 2013 et les pressions consécutives enregistrées sur la balance des paiements. Quant à la valeur du dinar, c’est le niveau et la qualité de la production de biens et de services dans la sphère réelle qui, en dernière instance, en décidera. Tout le reste n’est que littérature.

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