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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

Aïn Témouchent : Engouement pour l’enseignement de tamazight

A Témouchent, 120 classes abritent des cours de tamazight. Photo DR

A Témouchent, 120 classes abritent des cours de tamazight. Photo DR

Par M. Kali, 2 janvier 2021. (El Watan)

L’écrasante majorité des élèves apprenant tamazight à Témouchent sont des enfants dont ce n’est pas la langue maternelle. Par ailleurs, à l’échelle nationale, ce sont les élèves non-amazighophones qui réussissent le mieux en tamazight.

Paradoxe ? Nullement, car à bien y voir, cette réussite ne peut surprendre un pédagogue. Si El Hachemi Assad, secrétaire général du HCA, était lundi et mardi, en visite à Témouchent pour s’enquérir de l’enseignement de tamazight. Il a visité une de trentaine d’écoles qui ont ouvert près de 120 classes accueillant trois milliers d’élèves dans 16 communes sur les 28 que compte la wilaya.

A l’école Harchaoui au niveau du chef-lieu de wilaya, la Covid-19 oblige, les gamins ont été répartis en six groupes d’une quinzaine d’élèves pour chaque classe. Visite dans l’une d’elles. La maîtresse dirige successivement deux séances de langue, la première en vocabulaire et la seconde en langage-élocution.

Première surprise : La maîtresse met en œuvre des procédés qui tournent le dos à celles inspirées des méthodes structuro-globales et à base des stimuli-réponses du pavlovisme, une pédagogie de l’échec qui a causé la ruine de l’école fondamentale. On est dans la bonne vieille pédagogie d’avant. Autre surprise, le livre sur lequel les élèves acquièrent le sens et la graphie des mots, ces derniers sont écrits en caractères latins, des caractères que les élèves rencontrent dans le cours de français en 4e et 5e années.

Les enfants sont très réactifs. Ils veulent le prouver à la maîtresse comme aux hôtes venus les voir.

Comme outils pédagogiques supplémentaires, la maîtresse a fleuri les murs de la classe avec des panneaux didactiques afin de soutenir le renforcement des acquisitions. Dans le cours des propos, M. Aziri, le directeur de l’enseignement et de la recherche au HCA, nous indique que les élèves qui réussissent le mieux en tamazight ne l’ont pas pour langue maternelle.

Cela peut, à priori, surprendre si l’on oublie que ces enfants sont issus d’un milieu socioculturel qui n’est pas rétif à l’altérité et qui fait sienne la diversité culturelle de son pays. Or, il est connu en psychopédagogie des langues que l’on n’apprend bien que ce que l’on aime.

A cet égard, le Hirak a rendu un fier service à la propagation de l’enseignement de tamazight à Témouchent en faisant taire les voix qui ont dénoncé violemment son introduction, en particulier à Béni Saf.

En outre, à la base de la réussite scolaire observée, il est connu qu’un enfant apprenant plusieurs langues devient plus intelligent puisque il réutilise en les affinant les mêmes opérations mentales dans le passage de l’apprentissage d’une langue à une autre, qui toutes partagent d’ailleurs des universaux linguistiques. Aussi, y a-t-il lieu de tabler que la réussite des enfants scolarisés en tamazight peut progressivement favoriser la levée des réserves chez les familles opposées à l’enseignement de tamazight du fait de la propagande en sa défaveur.

A titre subsidiaire, nous demandons à M. Aziri pourquoi a-t-il recommandé à la maîtresse de ne pas traduire les mots dans la langue mère des écoliers, alors qu’il n’y aucun précepte pédagogique qui l’interdit. Il explique qu’il ne s’y oppose que lorsque la maîtresse présente un objet et demande le nom dans les deux langues.

C’est lorsque seul le mot est lu en tamazight qu’en cas d’incompréhension, il peut être fait appel à la langue mère. En effet, le passage systématique par la langue maternelle incite l’élève à réfléchir dans celle-ci avant de réagir en tamazight. De la sorte, toute spontanéité dans l’usage de cette langue annihilée.

Source : El Watan

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