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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

« Notre unité effectue de grands efforts pour la décontamination de notre Sahara des effets des explosions nucléaires »

« Notre unité effectue de grands efforts pour la décontamination de notre Sahara des effets des explosions nucléaires »

ENTRETIEN avec la Général Bouzid Boufrioua, chef de division du génie de combat au Commandement des forces terrestres (CFT)

Propos recueillis par D. Rachida. El Djeich, février 2021

El Djeich. La France coloniale a infecté nos frontières Est et Ouest par des millions de mines, en plus d’avoir effectué des essais nucléaires dans notre immense Sahara. Pouvez-vous nous parler des séquelles enregistrées ?

Général Bouzid Boufrioua : La construction des lignes Challe et Morrice au long des deux bandes frontalières, est et Ouest, et l’exécution des essais nucléaires par le colonisateur français ont causé un nombre important de décès et d’invalides et l’apparition de maladies graves et incurables, en plus de la pollution de l’environnement, laissant un impact direct sur la vie sociale des citoyens et sur le développement dans le sens le plus large.

A l’aube de l’Indépendance, l’Algérie avait pris conscience des risques et a confié la mission de dépollution des deux bandes frontalières à l’Armée nationale populaire qui a achevé officiellement sa mission en décembre 2016.

Concernant les essais nucléaires effectués par la France, sous prétexte de la recherche scientifique, leur nombre a atteint 17 explosions (4 de surface à Regagne et 13 souterraines à In esker), en plus d’autres essais complémentaires.

Les essais de surface effectués à Regagne ont causé la pollution d’une grande partie du sud algériens. Leurs effets se sont étendus jusqu’aux pays africains voisins, alors qu’un nombre d’essais souterrains a échappé au contrôle, ce qui a provoqué la propagation des produits de fission due à l’explosion et la pollution dévastes zones. Parmi les séquelles de ces essais, les déchets immenses très radioactifs et de longue vie, certains sont enfouis sous terre et d’autres sont restés en plein air, sans oublier les radiations répandues sur de vastes surfaces, causant un grand nombre de victimes parmi la population locale et les dégâts l’environnement qui perdurent hélas jusqu’à nos jours.

Au regard de la croissance démographique dans les zones concernées et les risques dus à la pollution radioactive, il a été du devoir de l’Etat, très engagé envers ses citoyens, de sécuriser et de protéger les vieux sites des essais nucléaires français. Et c’est à l’Armée nationale cette noble mission.

Comment évaluez-vous les efforts consentis par l’Armée nationale populaire afin désécuriser et protéger les zones polluées des effets des essais nucléaires, voire les réhabiliter ?

 Avant d’évaluer les efforts consentis par l’Armée nationale populaire en matière de sécurisation et de protection de ces zones, il est nécessaire de revenir sur les mesures prises au titre de solutions d’urgence et temporaires ainsi que les procédures nécessaires déjà engagées en parallèle, dans le but de mettre un terme cet épineux problème.

A ce propos, la France doit assumer ses responsabilités historiques, surtout après que 122 états de l’Assemblée générale de l’ONU ont ratifié, le 7 juillet 2017, un nouveau traité sur l’interdiction désarmes nucléaires « TIAN », qui vient s’ajouter aux traités antérieurs. Le principe du «pollueur-payeur» y aéré d’ailleurs introduit et reconnu officiellement.

C’est la première fois que la communauté internationale demande aux puissances nucléaires de rectifier les erreurs du passé. en attendant une solution définitive et satisfaisante à ce problème, je souhaite souligner, dans ce contexte, qu’en application dés orientations du Haut commandement de l’ANP et dans le cadre de ses missions constitutionnelles et en coordination avec les autorités civiles et les organes scientifiques chargés de ce dossier, les unités et les structures militaires œuvrent à exécuter les missions qui leur sont assignées dans ce volet afin de protéger et d’assainir ces sites qui furent le théâtre des essais nucléaires français dans le désert de notre pays.

Pour revenir à votre question, il a été procédé dans ce contexte à ce qui suit :

- déploiement d’une formation de sécurisation dans les sites travers la création de deux unités de l’arme de génie de combat déforces terrestres, une compagnie dans la région de Regagne, dans la 3e RM, et une compagnie à Ineke, dans la 6e RM, chargées delà sécurisation et de la protection des vieux sites des essais nucléaires ;

- marcation et quadrillage des frontières des sites ;

- reconnaissance et surveillance aérienne des zones polluées ;

- sécurisation sanitaire des éléments et assistance médicale delà population locale ;

- contrôle et analyse périodique des sources d’eau et fermeture des puits près des zones polluées.

Nous pouvons qualifier ces efforts de satisfaisants, au regardes résultats obtenus sur le terrain à travers l’application des mesures susmentionnées, sachant que ces zones étaient une sorte de décharge à ciel ouvert pour les déchets radioactifs. Maintenant, elles sont désormais sous total contrôle. Nous avons réussi à éradiquer le phénomène lié à l’enlèvement aléatoire des déchets radioactifs et empêché les citoyens de s’approcher des zones polluées, en plus du suivi continue de la situation radioactive.

Quelles sont les difficultés auxquelles étaient confrontées les unités de l’Armée nationale populaire sur le terrain, est-ce que cette opération est liée à des délais fixes ?

En effet, nous étions confrontés à plusieurs difficultés sur le terrain. Mais grâce à la détermination et la volonté des éléments de l’Armée nationale populaire, le défi a été relevé, malgré ces difficultés qu’on peut résumer comme suit :

1-L’absence d’informations techniques sur la nature des explosions nucléaires et le matériel pollué enfoui.

2- L’étendue du périmètre et la surface des sites exposés aux essais et la propagation élargie de la pollution, dues aux facteurs naturels et climatiques, exigent des moyens matériels et humains considérables pour effectuer les opérations d’assainissement radioactif et réhabiliter ces zones.

3- Malgré les opérations de sensibilisation persistantes, certaines personnes tentent encore de s’approcher des zones polluées et récupérer certains déchets pollués laissés sur place (éléments en fer, grillage, barils métalliques...), ignorant les risques que représentent ces déchets. Ceci est, à notre avis, comme un autre crime majeur commis par la France coloniale en laissant derrière elle ses déchets, sans donner aucune information sur les risques sanitaires encourus.

4- La croissance de la contrebande, du trafic et de la prospection de l’or et des matériaux a fait que les contrebandiers utilisent des accès et des voies adjacentes aux zones polluées. Concernant la durée de l’opération de décontamination ou d’assainissement, celle-ci ne répondra pas à un délai fixe. Les essais nucléaires ont causé des effets aux risques sanitaires graves sur la population locale, outre les effets négatifs sur l’environnement en général, y compris sur la faune et la flore

Source : El Djeich

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