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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

René Justrabo est mort

 

 

 

rené Justrabo 

 

 

 

Trois ans après le décès de son épouse Renée qui partagea ses idéaux, René Justrabo nous a quittés le 6 août 2013. Il avait 96 ans. Ses obsèques auront lieu le lundi 12 août 2013 à 14h45 au crématorium Dijon Mirande.

 

René Justrabo est né le 15 juin 1917 à Mascara, d’un père épicier venu du Sud-Ouest de la France et d’une mère d’origine bavaroise. Enseignant et membre du parti communiste algérien il fut élu à l’Assemblée Algérienne de 1948 à 1956. Maire de Sidi Bel Abbès de 1947 à 1953, il fut à l’origine des plus importantes infrastructures sociales de la ville : le centre de santé, l'hôpital qui sera baptisé du nom du Dr Hassani après l'indépendance...

 

 

Direction le camp de Lodi

 

Après le déclenchement de la lutte de libération nationale, il fut arrêté à son domicile de Belcourt à Alger et transféré au camp de Lodi, où  il sera interné pendant trois ans et demi sans jugement.

Au cours de la guerre de libération nationale, des centaines d'Européens d'Algérie, sympathisants de l'indépendance, ont été détenus de façon arbitraire pendant des années dans ce camp. "C'est à mon arrivée à Lodi, durant l'été 1957, que j'ai décidé d'écrire "La question", a raconté Henri Alleg. Je venais de quitter le centre militaire d'El Biar, où j'avais été torturé par les parachutistes de la 10ème DP. Au moment où j'allais monter dans le camion, le capitaine avait lâché : "Je vous reprendrai". Briser le silence était le seul moyen pour empêcher que cela continue encore et encore, pour que cessent les coups et la gégène»..

 

Lodi Monique.jpg

 

 

 

René Justrabo avait 93 ans quand il a raconté cet épisode de sa vie à Nathalie Funès. C’était le 26 novembre 1956. Ils sont arrivés à l’aube, dans la lumière d’automne qui filtre à travers les volets. Au moment où a ville s’éveille doucement. "Police ! Ouvrez !». Le commissaire du 8ème arrondissement d’Alger a surgi, deux inspecteurs sur les talons, un papier dans la main droite. "Vous êtes bien René Justrabo, né le 15 juin 1917 à Mascara ? Vous êtes en état d’arrestation. Voici votre avis d’assignation à résidence». Il n’y a que quelques mots : "atteinte à la sécurité et à l’ordre public", signés du Préfet d’Alger. Cela fait plusieurs jours, déjà, que la police et l’armée raflent, les uns après les autres, les anciens membres du Parti communiste algérien (PCA). Suspect d’être trop proche des indépendantistes, il a été dissout en septembre 1955. Alger est devenu une souricière. René Justrabo, 39 ans, ancien maire communiste de Sidi Bel Abbès, sait que son tour va bientôt arriver. Il s’apprête, d’automne, à sauter dans le bus bondé qui le conduit, chaque jour, des hauteurs d’Alger, où il habite, au quartier de Belcourt, où il est instituteur. Mais c’est dans un camion militaire à deux bancs qu’il grimpe finalement. Poussé comme un vulgaire délinquant. Destination : le camp de Lodi. Il y restera enfermé trois ans et demi.

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