23 Décembre 2016
C'est le gouvernement de Lenine qui révéla les Accords secrets Sikes-Picot dont il fit publier le texte intégral dans la Pravda. Conclu le 16 mai 1916 en pleine Première guerre mondiale, ce traité partageait entre les Occidentaux les territoires arabes de l'Empire Ottoman.
Cette publication intervient quelques semaines après le succès de la Révolution d'octobre. Les soviets ratifient, le 26 octobre 1917, un Décret de paix qui stipule notamment :
« Le gouvernement abolit la diplomatie secrète et exprime de son côté la ferme intention de mener les pourparlers en pleine franchise, devant le peuple entier ; il procède immédiatement à la publication complète des traités secrets ".
La bataille faisait rage sur tous les fronts, les morts se comptaient déjà par millions. En publiant les traités secrets, les Bolchéviques qui venait de prendre le pouvoir et voulaient la paix immédiate, entendaient révéler à l'opinion mondiale les motivations profondes de l’affrontement entre impérialismes en concurrence pour le partage du monde. Ces traités montraient à l’opinion des pays belligérants les vrai buts de l’hécatombe : les soldats mouraient pour des objectifs qui leur étaient étrangers.
Lénine fait donc publier ces traités le 13 novembre 1917 dans la Pravda. Ils seront repris dans le Manchester Guardian et dans The New Europe.
L'accord Sykes-Picot, ainsi divulgué par le pouvoir Bolchévique, viole outrageusement la promesse faite aux Arabes de leur offrir une indépendance complète en contrepartie de leur aide contre les Turcs, promesse dont le «colonel» Thomas Edward Lawrence, dit «Lawrence d'Arabie» s'était porté garant auprès du chérif de La Mecque, Hussein, et de son fils Fayçal.
Selon cet accord, le Moyen-Orient est découpé, malgré les promesses d'indépendance faites aux Arabes, en 5 zones :
1-zone bleue française, d'administration directe formée du Liban actuel et de la Cilicie ;
2-zone arabe A, d'influence française comportant le nord de la Syrie actuelle et la province de Mossoul ;
3-zone rouge britannique, d'administration directe formée du Koweït actuel et de la Mésopotamie;
4-zone arabe B, d'influence britannique, comprenant le sud de la Syrie actuelle, la Jordanie actuelle et la future Palestine mandataire ;
5-zone brune, d'administration internationale comprenant Saint-Jean-d'Acre, Haïfa et Jérusalem. La Grande-Bretagne obtiendra le contrôle des ports d'Haïfa et d'Acre.
A la fin de guerre, cet accord sera entériné et légalisé, avec un mandat en bonne et due forme de la Société des Nation (SDN) ; l’ONU de l’époque. A la France, on donne le contrôle du Liban et de la Syrie ; à la Grande-Bretagne l'Irak (agrandi de Kirkouk cédé par les Français en échange d'une participation aux bénéfices pétroliers de la région), la Transjordanie et la Palestine.
Mis en ligne le 16 mai 2013