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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

Lanceurs d'alertes systématiquement réprimés en Algérie

Djijali Hadjadj est président de l'Association algérienne de lutte contre la corruption, porte parole de la section algérienne de Transparency International.Photo DR

Djijali Hadjadj est président de l'Association algérienne de lutte contre la corruption, porte parole de la section algérienne de Transparency International.Photo DR

"Et la situation se complique lorsque les activistes ou même les journalistes sont situés à l’intérieur du pays, loin d’Alger et d’une médiatisation immédiate. Les militants associatifs, les journalistes et même la classe politique d’opposition sont complètement isolés : ce qui se passe à l’intérieur du pays est effrayant. Mais toute cette répression ne dissuade pas ces citoyens de plus en plus convaincus que le changement est en cours".

Par Djilali Hadjadj, 2 janvier 2017

De qui s’agit-il ? Le lanceur d’alerte se définit comme «toute personne qui a connaissance de manquements graves à la loi ou aux règlements, ou de faits porteurs de risques graves». Il a «le droit de communiquer, dans l’intérêt général, les renseignements qui y sont relatifs», notamment quand «ce lanceur d’alerte agit de bonne foi, sans espoir d’avantage propre ni volonté de nuire à autrui».

L’alerte pourra être donnée au sein de l’entreprise ou de l’administration concernée, ou auprès d’interlocuteurs externes (justice, ordres professionnels, associations...), voire être rendue publique en l’absence de réaction ou en cas d’urgence. La responsabilité pénale du lanceur d’alerte de bonne foi ne pourra être engagée s’il divulgue des informations couvertes par le secret — hors secret de la Défense nationale, secret médical ou secret entre l’avocat et son client.

Si, en Algérie, on continue de leur faire subir toutes sortes de représailles, dans d’autres pays en voie de développement qui ont choisi le changement démocratique (Liban, Nigeria et Tunisie par exemple), des mesures sont prises pour les protéger, les encourager et même les rémunérer.

L’acte dénoncé doit se référer à une pratique illicite, c’est-à-dire à un délit puni par le code pénal. Même si les dénonciateurs sont souvent accusés d’être des employés déloyaux, ils jouent un rôle important dans la détection des cas de corruption, car contrairement à d’autres délits, il n’y a pas de victimes directes qui pourraient porter plainte.

En Algérie -malheureusement trop souvent -, ils peuvent soit perdre leur travail -ce qui n’est pas le plus embêtant- soit tomber entre les mains des services de sécurité. Concrètement, cela signifie : convocation, mise sous mandat de dépôt, intimidation de toutes sortes jusqu’à présentation devant le juge ou le procureur.

Résultats : licenciements, emprisonnements harcèlements policiers, administratifs et judiciaires, etc. Le pouvoir et ses démembrements, notamment dans les wilayas les plus reculées, s'en prennent systématiquement à ceux qui osent exprimer un point de vue différent du leur, à ceux qui ont le courage de rendre publiques toutes sortes de revendications sociales ou économiques, voire culturelles et identitaires. D'ailleurs, prenons l'exemple des dénonciateurs de la corruption : les représailles à leur encontre sont quasi systématiques.

Et la situation se complique lorsque les activistes ou même les journalistes sont situés à l’intérieur du pays, loin d’Alger et d’une médiatisation immédiate. Les militants associatifs, les journalistes et même la classe politique d’opposition sont complètement isolés : ce qui se passe à l’intérieur du pays est effrayant. Mais toute cette répression ne dissuade pas ces citoyens de plus en plus convaincus que le changement est en cours.

Source : Le Soir d’Algérie

Contrôle économique. La fin du système Boumediene

Par Saoudi Abdelaziz, 2 avril 2016

Imaginé par Boumediene, le système vertical de contrôle de l'économie, via la SM puis le DRS, a fait son temps. Un énorme vide s'est progressivent créé, avec l'avancée des normes néolibérales et l'importation du Dieu-argent.

Qui va contrôler désormais l'utilisation des biens et fonds publics? Un jeune businessman m'expliquait il y a quelques mois : "Pour faire des affaires, l'appui du DRS n'est plus nécessaire, désormais c'est l'argent qui ouvre les portes".

Ce matin, un reportage de Nouri Nesrouche dans El Watan porte sur les 700 milliards alloués à la Constantine "capitale de la culture arabe de 2015". D' importants projets ont disparu de l'écran radar à Constantine, l'argent public s'est évaporé dans les réalisations inutiles et dans la surfacturation. L'article décrit "l'impunité totale des prédateurs" et s'interroge sur le rôle du pouvoir d'Etat : " Le climat d’impunité totale dont bénéficient des promoteurs, opérateurs économiques et commis de l’Etat caractérisait déjà la wilaya avant la venue de Ouadah, certes, mais le wali, donne l’impression aujourd’hui d’avoir changé de camp en abandonnant les pauvres pour défendre les intérêts étroits de groupes prédateurs, soutenus par des ministres et hauts responsables de l’Etat. L’élite aux commandes de Constantine brille dans la course à la prédation et par son manque flagrant d’expertise".

Manque d'expertise?

Des journaux en ligne, ont publié au début du mois, le "verdict du docteur Lawrence". Ce "spécialiste américain du Maghreb" affirme : "Une des principales raison de cette incapacité s'explique par le manque de compétence des institutions". Lui a-t-on posé la question: Est-il possible de faire preuve de compétence, d'efficacité sociale lorsque la décision économique est commandé par la recherche de gains rapides? Les algorithmes sophistiqués qui ont conduit, aux Etats-Unis, à la crise des surprime et à l'ébranlement durable du système financier international, ont été conçus par les jeunes élites mathématiques issues des universités américaines. Ces jeunes surdoués sont chargés de faire gagner vite de l'argent aux investisseurs et d'en gagner eux mêmes. Avec, jusqu'au crash final, l'autorisation des Agences fédérales compétentes et autres gendarmes de Wall-Street.

On le sait : Les concepteurs des opérations à gains rapides de plus en plus sophistiquées montées en Algérie ne sont pas les porteurs de chkara caricaturés dans la presse indépendante en maquignons obtus. Ce sont de jeunes adultes très compétents -et très bien habillés-, maîtrisant les circuits administratifs judiciaires, financiers nationaux et internationaux.

Le système Boumediene vaincu par le néolibéralisme

Les modalités du pouvoir de contrôle vertical sur l'économie imaginé par Houari Boumediene par le biais de la Sécurité militaire (puis du DRS) et de ses filiales dans les entreprises et institutions n'ont pas survécu au néolibéralisme rampant et à l'émergence du pouvoir des réseaux, qui ont d'abord commencé par subvertir les "services" eux-mêmes. Avec dans le même temps l'émergence du pouvoir d'influence économico-médiatique des conglomérats.

L'échec non assumé du système Boussouf dans la conduite de l'Etat algérien, la nostalgie de son retour pour "sauver le pays", fragilise les élites élevées à ce biberon et par extension les institutions de l'Etat.

La compétence latente incontestable des agents de l'Etat ne peut plus désormais se concrétiser sans le soutien et le contrôle vigilants de la société algérienne qui pourraient s'exprimer dans les domaines suivants:

Encourager l'intervention multiforme de la population dans le choix des priorités économiques locales, régionales et nationales;

Développer l'intervention des partis politiques et des associations qui préconisent la décence et l'honnêteté, en direction des institutions pourvoyeuses de marchés publics;

Mettre la pression publique sur les prédateurs et et soutenir les lanceurs d'alerte;

Encourager l'émergence d'une vraie presse indépendante d'investigation.

Source : http://www.algerieinfos-saoudi.com/2016/04/controle-economique-la-fin-du-systeme-boumediene.html

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