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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

El MILIA l’arabo-amazigh, par Farid Boulkhodra

DR.

DR.

Cette article a paru dans l'hebdomadaire Jijel-Infos aujourd'hui disparu (numéro de la semaine du 3 au 9 octobre 2001). L'auteur, l'historien Farid Boulkhodra, est originaire d'El Milia.

 

Il est fort probable que le nom d’El-Milia remonte à l’époque où Mila était le siège des gouverneurs turcs chargés de diriger les côtes du Nord situées loin de l’influence turque. Les agents du pouvoir de Mila étaient chargés de la collecte des impôts et de la communication avec les habitants. Ils se sont installés sur les terres des Ouled Aïdoun au bord de l’Oued Kebir. La région a été appelée El-Milia par référence aux habitants de Mila. Le premier noyau de la ville actuelle d’El-Milia a été créé durant l’occupation française. C’était au départ une tour militaire bâtie par le général Gastan en 1858.

Carthaginois, romains, vandales, byzantins

Dans l’antiquité, la région d’El-Milia était loin de l’influence des Phéniciens dont la présence se limitait aux comptoirs côtiers utilisés pour leur commerce maritime. Quand les Carthaginois ont fondé leur état au 9è siècle avant Jésus-Christ, leur pouvoir ne dépassait Bougharoun (Collo) et la région de Mila.

Avec l’apparition des Royaumes Numides de Massinissa et de Massilia, au 3è siècle avant Jésus-Christ, Oued-el-kebir fut la limite séparant les deux royaumes.

Après l’occupation romaine de toute la région au 1er siècle, les envahisseurs se sont concentrés à Bouna, Choulou, Cirta, Idjildjili, et ont fondé plusieurs centres urbains et militaires pour soumettre toute la région et exploiter ses richesses. Les ruines historiques existantes nous révèlent leur présence dans la région d’El-Milia : à Sidi-Maarouf, dans la plaine de Bellara, Tanafdour. En outre, des centres montagneux, comme Ain- Lamdaouia (la Fontaine traitée), à Oued Yahia, ont été fondés.

Les populations locales ont participé à la résistance contre l’occupation romaine, en s’associant aux tribus du Djurdjura et des Babors, dirigées par Fraksan, et en participant à la révolte des Bavars.

Lorsque les Vandales arrivèrent au 5è siècle, les petites tribus des alentours d’El-Milia sont restées  hors de leur influence. Même chose durant l’occupation byzantine au 6è siècle. L’influence de Byzantins se limita à quelques ports, comme Jijel et Bejaïa.

                                                  Les tribus Kotama, piliers des Fatimides

Après l’expansion de l’Islam au 7è siècle, ces régions sont restées aussi indépendantes à cause de la nature différente de leurs montagnes, ce qui les a éloignés de l’influence des Aghliba après leur indépendance de l’Etat abbasside au 9è siècle.

A la fin du 9è siècle, le prédicateur fatimide Abou Abdellah le chiite s’installa à Fedj-Mzala et organisa une coalition avec la tribu de Kotama, à laquelle les populations d’El-Milia appartenaient.

A cette époque, les Kotama avaient participé activement à la fondation de l’Etat fatimide et ont joué un rôle principal dans sa politique, au point que beaucoup sont partis avec les Fatimides en Egypte au 10è siècle. Ce qui restait de la tribu des Kotama à El-Milia est représenté par les Beni-Telilène.

Les pays du Maghreb ont vu, au début du 11è siècle, l’exode des tribus des Beni Hilal en Haute-Egypte à l’instigation des Fatimides. Les Hilaliens se sont établis dans la région et se sont mélangés avec les habitants d’origine au point où ils devenaient majoritaires, et, aujourd’hui, il est impossible de faire la différence entre les habitants d’origine amazigh et arabe.

Parmi les tribus éminentes qui se trouvent à El-Milia, sans considérer l’origine arabe ou amazighe, on peut citer : les Oued Aïdoun, Beni Fergane, Beni Belaïd, Beni meslim, Tileman, Beni Feteh, Beni Aïcha, Beni Khettab, Ouled Ali, Ouled Ouet, Ouled Boufaha, Mechat, El Achache, Beni Caïd, Ouled Mbareek, Beni Telilane, Beni Sbih.

La colonisation française

Après la chute de l’Algérie entre les mains des Français en 1830, les tribus d’El-Milia n’ont pas tardé à résister. Un grand nombre de ses habitants se sont joints à Moulay Chekfa qui dirigea les tribus de Jijel, d’El-Milia et de Collo pour défendre la ville de Constantine. Le bras droit d’Ahmed Bey et chef de la résistance était Ali Ben Aïssa de Beni Fergane.

Après la chute de Constantine en 1937, les Français ont colonisé Mila et Skikda en 1838, puis Jijel et Sétif en 1839. L’assujettissement de la région n’était guère facile et on n’y parvenait qu’après des campagnes successives. Les plus importantes se sont déroulées en 1847, 1850, 1851, 1852, 1853, 1858, 1860, 1861 et 1865 et furent dirigées par des généraux.

En 1858, le général Gastan décida de bâtir la tour militaire d’El-Milia pour contrôler les tribus de la région.

El malgré les campagnes basées sur la politique de la terre brûlée et l’extermination collective, les tribus d’El-Milia ne s’arrêtaient pas de résister en participant à plusieurs révoltes dans le Constantinois, telle la révolte de Si Zeghdoud en 1841, de Mohamed El Boudâali en 1843, de Collo en 1846, de Oued-el-kebir en 1858, de Zouagha en 1864.

Après une période difficile due à l’invasion des sauterelles en 1866-1868, l’expansion de la sècheresse en1865-1867, les maladies et la famine ont anéanti des milliers de personnes. Les habitants de la région d’El-Milia ont repris le mouvement de révolte : les Ouled Aïdoun prennent les armes le 14 février 1871, obligeant les autorités coloniales à décréter l’état d’alerte maximale à Constantine, Mila, Skikda et Collo.

Les Ouled Aïdoun se sont joints aux cheikhs El Mokrani et El Haddad, le 24 mars 1871. Ils ont résisté avec à leur tête cheikh Mohamed Ben Fiyala de la zaouia Sidi Waniz Errahmania. Ce cheikh a formé, avec Moulay Chekfa un duo très dangereux que les Français ont essayé de mettre en échec. Charles Féraud le reconnaît : « Quand les deux se rencontrent, il y a seulement un pas qui reste devant eux en direction de Constantine ».

Après qu’il ait mis fin à la révolte d’El Mokrani, l’occupant en est venu à la vengeance contre ces tribus. Beaucoup de gens ont été exilés. La politique d’implantation à commencé. L’administration coloniale est créée pour veiller à exploiter les ressource de l région. La commune mixte d’El-Milia est créée le  25 août 1880, elle se positionnait entre Grarem au sud et le littoral au nord. Le pourcentage des terres confisquées a atteint 27% en 1888. Plusieurs fermes et des entreprises implantées pour l’exploitation du bois, du liège et des métaux ont été créées. De même, pour la colonie d’Arago, aujourd’hui Bordj Alia, en 1922 et celle de Katinka, aujourd’hui Settara, en 1923.

Source : Jijel-Infos, semaine du 3 au 9 octobre 2001. Jijel-Infos a cessé de paraître en 2002, faute de recettes publicitaires. Il n'a aucun rapport avec le site homonyme (sans s).

Première diffusion sur le blog, le 23 avril 2011

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H
Les suffixes en "OUN" dans les noms arabes marquent une origine arabe syrienne relativement ancienne , comme khaldoun, Aïdoun, Hamdoun, aoun, abdoun, saadoun, zaydoun le suffixe "oun" est utilisé en arabe pour dénoter quelque chose de petit, ou rabaisser quelque chose. Comme par exemple : Abd-Abdoun (petit "abd"). Saad-Saadoun (petit "saad"). Hamad - Hamdoun (petit "hamad"). Il est utilisé surtout comme un surnom ou un sobriquet pour des enfants qui devient souvent le nom tribal ou familial . PAR EXEMPLE, si un enfant nommé "Zayd", il obtient le titre espiègle "Zaydoun" (qui signifie, petit Zayd) etc dans les dialectes arabes najdi, shaami et hijazi de l'époque Omeyyade celà fut à la mode et fut propager en Andalousie et au Maghreb par les contingents arabes qaysites et yéménites venu des divisions millitaires du bilad al Sham (Jund Urdun Jund Dimashq Jund Qinasrin etc) alors capitale Omeyyade.
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S
j ai une toute autre version et certains autre personnage de l histoire biz qu il y est plusieurs version differente
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H
Un grand merci tout simplement.
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B
l histoire de nos grands sur la révolte de ouled aidoun est autre que j ai lu
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B
Quelle plaisir de lire l'histoire de ma Region d'origine. Merci aux historiens.
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B
J'ai eu grand plaisir de lire l'Histoire du village de ma lignée paternelle. Merci.<br /> YK Bennini
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