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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

En Algérie, il ne reste de gauche que le peuple. A la recherche de Karl Marx

 

"Que reste-t-il de la gauche en Algérie ?" s'interroge Omar Benderra.

 

 

 

Après une succession de raccourcis historiques, il en vient à cette conclusion :

"Face au libéralisme mafieux imposé par la dictature, la population oppose une tradition d’égalitarisme et de justice très ancrée, fort éloignée des dogmes et des idéologies. En rupture silencieuse mais radicale avec les institutions sans légitimité, les pseudo-partis et les médias qui servent d’alibi à la dictature.

En attendant l’inévitable recomposition d’un champ politique authentique dans une Algérie effectivement libérée, il ne reste donc « de gauche » que ce que le peuple, dans ses profondeurs, a conservé en termes de refus de l’injustice et de l’arbitraire, de résistance au diktat impérialiste en Palestine et d’opposition à l’alignement sur l’Occident".

 

Où  habitait Karl Marx, s’il vous plaît ?

 

Par Arezki Metref, 2 décembre 2018

 

(...) Un couple de demi-vieux — comme on dit dans mon quartier algérois — nous indique la route dans un sabir anglo-allemand appuyé de gestes approximatifs qui ont l’avantage de nous mettre dans la bonne direction. A chaque carrefour, on réitère la même question, supposant que toute personne croisée dans les rues de Trèves doit nécessairement connaître la célèbre adresse. Jusqu’alors, ce fut le cas ! Une demi-heure plus tard, trempés comme des pois chiches préparés pour une chorba, nous voilà au 10 de la Brückenstrasse devant cette belle maison bourgeoise où est né le natif de Trèves (Trier, en allemand) le plus connu de l’histoire.

La maison devenue un musée est fermée à cette heure-ci. Le manque de lumière dans la rue pose des problèmes insolubles. Impossible de  prendre des photos de la plaque qui indique qu’il s’agit de la maison natale de Karl Marx.

On vient donc de faire tous ces kilomètres pour voir une façade d’immeuble et buter sur une porte close. Mais c’est la maison natale de Karl Marx. Lorsqu’il naissait dans cette maison le 5 mai 1818, la Rhénanie, et donc Trèves, faisait partie du royaume  prusse.

La seule pensée qui me soit venue sur place, c’est que Marx, le Maure, comme on le surnommait, a séjourné à Alger, ce qui me l’a rendu plus familier. C’est absurde mais c’est comme ça. De février à mai 1882, Karl Marx réside à Alger sur conseil de son médecin. Il reste de ce séjour un texte sur «le système foncier ancestral et les conséquences de la colonisation» ainsi que la toute dernière photo de lui.

On décide de prendre un café dans le bar à vins situé de l’autre côté de la rue. On nous regarde de travers. J'entends presque les pensées du type derrière le comptoir ! «Du café à cette heure-ci et ici ?» 

Le portrait de Karl Marx est partout. Sur les affiches tapissant les murs,  sur les sous-verres, sur les serviettes, sur les étiquettes des bouteilles de vin. Quelqu’un aventure que le vin à l’effigie de Marx, c’est forcément du… rouge ! et aussi, bien sûr, sur les bouteilles de bière car, étant en Allemagne, il existe fatalement, et depuis longtemps, une bière Karl Marx, brassée dans la Saxe, dans une ville qui s’appelait du temps de la RDA Karl Marx Stadt.

On croirait que le père putatif du communisme est devenu, à son corps défendant, l’enfant indésiré du capitalisme. On fourgue son image à toutes les sauces un peu comme Che Guevara, victime du profit compulsif que génère son aura. Paradoxal pour quelqu’un qui a vécu dans la misère, enterré dans le carré des indigents à Londres.

A l’occasion du bicentenaire, tout sert à vendre tout. On a fabriqué des moules à biscuit à l’effigie de Marx, des canards de bains, des rince-bouches parfumés à la menthe, des mugs à café avec le mot d’ordre subverti : «Buveurs de café de tous les pays, unissez-vous.»
Y compris les buveurs de café Illy ?

L’année 2018, année du bicentenaire de la naissance de Karl Marx, a vu surgir un début de polémique lorsque le gouvernement de la Chine a offert à la ville de Trèves une statue en bronze à l’effigie de Karl Marx, œuvre de l’artiste chinois Wu Weishan. Il faut dire que l’objet pèse trois tonnes et mesure cinq mètres de haut. Commémorer la naissance de Marx a divisé l’opinion et le Conseil municipal de Trèves. Il a fallu que les partisans de la commémoration arguent de ce que Marx, tout père du communisme qu’il est, n’est pas responsable des dérives des régimes qui se réclament de son idéologie. D’ailleurs, l’un d’entre eux a déclaré que «ce n’est pas Marx qui a gouverné les pays communistes et ce n’est pas lui qui a érigé le Mur de Berlin».

Marx reste un penseur et un homme d’action qui continuera à marquer le monde. Génie prospectif, il a fait faire un virage à l’humanité. Le 20e siècle, avec ses avancées considérables et ses tourments, a été façonné par sa pensée. Et voilà que je retombe dans le pèlerinage ! Même si on n’a pas vu grand-chose, Monica, Samir et votre serviteur sommes revenus enthousiastes. Nous rentrons par la même route. Nous voilà de nouveau au Luxembourg. Ah, oui, le café Illy, on l’a complètement zappé, celui-là ! On décide d’essayer le magasin de la station d’essence. Et on trouve notre café Illy.

On n’y échappe pas : «L'argent abaisse tous les dieux de l'homme et les transforme en marchandise.»

Source : Le Soir d'Algérie

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