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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

Face à la Déclaration du 1er novembre 1954. Par Mohammed Harbi.

31 octobre 2019

Photo DR

Né de la scission du MTLD, le FLN a contribué à la diffusion d’un modèle de mouvement politique jusque là inédit. Il a rassemblé une partie de ses militants qui appartenaient à son organisation paramilitaire OS.

Il s’est étoffé après l’insurrection, en constituant par le haut un bloc d’élites issu des groupes privilégiés petits bourgeois et bourgeois, plus ou moins intégrés dans le système colonial et s’appuyant sur une masse émanant de la plèbe urbaine et rurale. Cette alliance imposée par les circonstances s’inscrit dans le cadre de ce que Gramsci appelle : « Une révolution passive, c’est-à-dire, une révolution conduite suivant des modalités faisant obstacle à la formation d’une conscience populaire, nationale, répandue et opérante. Les élites s’appuyant sur l’intervention populaire sans que celles-ci ne pèse sur les objectifs du mouvement ».

Les hommes qui ont pris le pouvoir en 1962, qu’ils viennent du maquis ou de l’armée des frontières, ont enfermé la résistance de tout le peuple algérien dans un paradigme, celui de la lutte armée.

L’événement du 1er novembre, défini hier comme étant l’an 1 d’une révolution, un événement fondateur, peut nous apparaître aujourd’hui comme le prélude d’un régime militaire. D’où plusieurs conséquences telles la négation du conflit social, comme instrument de régulation de la vie politique, la négation de la diversité sociale et culturelle, la trahison des promesses démocratiques, en un mot la mort du politique et l’absence d’une société civile.

Ce régime militaire s’est approprié la souveraineté sur le pays et sur ses ressources. La plupart des officiers sont convaincus d’être investis d’une mission : rétablir l’ordre et sauver la patrie des idéologies étrangères, « marxisme,  nassérisme et baathisme »(1) Or « l’ordre dans l’armée, c’est la discipline, le respect des règles disciplinaires et bien sûr l’absence de prise de position et d’engagements politiques » autant que de comportements qui, le putsch du 19 juin consommé, sont exigés des échelons inférieurs de l’ANP. Le pouvoir du commandement sera dès lors dictatorial. Nous assistons aujourd’hui à sa mise en place. C’est à ce pouvoir de prouver que nous nous trompons.

Chacun sait que le FLN n’a été qu’un écran à la militarisation de l’Etat(2)[. Chacun sait que l’Algérie est entrée dans la sphère capitaliste en 1830. Elle n’en est jamais sortie. L’ouverture vers le socialisme est mort-née.

Le mouvement citoyen « Hirak » est une réaction venue d’en bas contre la dépossession et l’oppression. Quelques soient ses limites il est aujourd’hui le porteur de nos espoirs. Les revendications démocratiques énoncées en juin 1936 au stade municipal d’Alger au nom de l’Etoile Nord-Africaine par Messali, approuvées par acclamation par l’assistance,  face aux leaders du Congrès musulman partisans du rattachement à la France (Ben Djelloul, Ben Badis, Ferhat Abbas, Dr Saadane, Ouzeggane, Cheikh El Okbi), sont toujours d’actualité.         

NOTES

[1] Extrait d’un message de l’Etat-major au GPRA.

[2] Interview de Mohammed Harbi, L’Express du 17/1/2002.

Source : Mediapart

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S
Ben Badis aurait été partisan du rattachement à la France ? Jamais, jamais, je ne pourrais croire une telle chose, mon père était un Badissi convaincu et farouchement hostile à la colonisation française. Il a été ruiné, maltraité, torturé mais n'a jamais abdiqué.<br /> M. Harbi que j'estime et respecte devrait nous donner la preuve, noir sur blanc, de ce qu'il nous assène-là, sans quoi ce ne serait que vile diffamation -- de la mémoire d'un homme qui ne pourra pas opposé de démenti puisque disparu, tout comme la plupart de ses compagnons et de ses adeptes -- et indigne d'un homme tel que lui.<br /> Bien cordialement.
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